LEXICARABIA

Une risée  déchaine la mer,

Remue ses profondes entrailles, 

Rejette ses balayures odoriférantes

Et exhale une paisible tendresse

Attisant une onde de plaisir. 

La rafale vomit sa colère ; 

Les vagues s’agitent, tremblent, 

Rugissent d’ire, 

Brisent le calme rituel 

Et propagent une symphonie rageuse.

L’onde riposte à l’attaque éolienne

Craint la défaite, redouble d’efforts.

Le duel entre l’eau et l’air

Pulvérise des gouttelettes

Cinglant la face du rêveur. 

Les flâneurs passent indifférents.

Le message marin flottant sur les flots

N’atteint pas les passants passifs. 

La communion n’est guère établie ;

La balourdise rentre dans sa coquille

Et trotte sur la rive menacée. 

S’adresser à la mer crée l’harmonie ;

L’indifférence creuse l’acrimonie. 

Cette voix n’étant pas celle des sons, 

Timbrée par le va-et-vient des flots 

Et une patience du mordu. 

S’abat un bain de silence !

La mer se calme ;

Le vent s’éloigne.

Une accalmie s’installe.  

Des voix fusent de loin

Vaporisant cette quiétude lénifiante.

Ah ! Voix sans voix ! 

Voix renfermée, voix effacée, 

Une voix grignotée, 

Une voix enfin envolée, volée !

Cette voix n’est plus qu’une relique

D’un passé incliné en oblique.

Le vent rejaillit des nues ,

Ebranlant la nappe bleue ;

La lame ondule, frémit.

Le souffle pétulant gronde, 

Éclats de vibrations marines

Qu’emporte le vent en cadence,  

Et rappelle à l’ordre d’admiration, 

De recueillement contemplatif,

De résignation résignée !

Évoque cette fragilité saillante

Que l’homme refoule, 

Écrase par l’oubli ;

Par un égoïsme fantasque.

Hélas ! Surgit le drame, 

Le déstabilise, l’écrase, 

Le propulse dans la gueule du désespoir.

Voix sans voix croule,

Se rebiffe contre le mal-être :

Crie, râle, se fond en larmes. 

Le mal est là imposant et destructeur. 

S’incliner apaise ;

Braver épuise.

Voix sans voix sort de son atonie !

Se réfugier dans les bras de la mer :

Écouter, entendre sa voix, 

Se  liquéfier dans sa cadence.

Abdelghafour Bakkali