LEXICARABIA

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La thébaïde de mon rêve

 

Déjà il rêvait à une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l'incessant déluge de la sottise humaine.»

Huysmans, À rebours, 1884, p. 9

 

 

85CE9A63-72EC-4890-8F7B-09474F05F18C.gif J'ai un attrait irrésistible pour la thébaïde. Seul, loin de tout bruit, de tout contact irritant, de tout spectacle stressant, de toute lutte intestine pour le ventre, de la cupidité, de toute hypocrisie criarde, loin de la stupidité, de l'injure gratuite, loin aussi et surtout de la pagaille politique, de la bêtise partisane, de la décrépitude éducative, du mensonge médiatique, des réseaux sociaux addictifs, de la connerie populaire, des crimes de voyous lâches et lâchés sur une population paralysées par une peur indéfinie.

Je serais loin de cette société aigrie par l'ignorance et la bassesse.

Je quitterais sans aucun regret les rues tapageuses occupées par une jeunesse sans titre, des vagabonds qui ternissent ce qui reste de l'image du pays, des schizophrènes  habillés en haillons et hurlant à la mort, des mendiants qui se multipliant jour après jour.

Je serais débarrassé une fois pour toutes de ce spectacle de misère devant lequel je suis désarmé. J'effacerais toutes ces images de ma mémoire pour ne garder que celles que m'offrent généreusement ma thébaïde.

 

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Je m'éloignerais sans aucun regret de ces arrivistes qui se prennent au sérieux. 

Je renaîtrais loin de toute corruption, de toute promesse non tenue.

Je serais en contact direct avec la nature, la biodiversité, la vie à l'état brut.

Je vilipenderais l'injustice, la vilenie, l'outrecuidance. 

Je condamnerais haut et fort la discrimination, le racisme, la guerre, la famine, l'impérialisme, le libéralisme des castes, la dictature, le sionisme, la pédophilie, la prostitution, les sodomites, toute cette pourriture qui exploite cyniquement les hommes et les femmes.

 

J'apprendrais seul face à moi-même ce qu'est la vie, ce qu'est la mort. 

Je développerais mes propres qualités. 

Je corrigerais, sans l'aide de personne, mes défauts. 

Je ne me fierais qu'à l'appel de mon cœur. 

La nature m'aidera sans doute à sortir du moi acquis au profit d'un moi renaissant. 

Je comprendrais ce que signifie liberté, droit, nation, communauté. 

Je serais moi et non pas un double qui m'éclipse et me suffoque. 

Je lèverais ma main vers le ciel et je prierai sans témoins.

 

Abdelghafour Bakkali

 

 

 



25/09/2017
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