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Horreur à Mediouna

Abdelghafour Bakkali

 

 
A la suite de l’incendie ravageur de la seule forêt qui reste comme ceinture naturelle de  la ville de Tanger le 3 juillet 2017, une tristesse profonde s’abat sur moi. Ce site, d’un intérêt vital pout la ville, serait convoité crapuleusement par les chercheurs d’or dans l’habitat, dans la destruction-construction. Par une connivence tacite entre cette crapule avide d’argent et des verreux, la ville n’est plus qu’un entassement de pierres hideuses et effrayantes.
Le site sinistré s’appelle Médiouna, littéralement « l’Endettée ». L’ironie du sort!

 

Nom bizarre d'un site merveilleux ;

Féminité Endettée séduisant les rapaces,

Venus d'ici et d'ailleurs en carapaces,

N’entendant que la poudre d'or 

Scintiller au fond de leur être butor.

 

L'ouest de la ville vient d'être mis à feu.

La forêt dévastée, paysage camaïeu :

Le noir domine, le vert part en fumée.

Le ravage du brasier consterne

Et enfonce dans un désarroi terne.

 

Qui est derrière ce sinistre ardent ?

Le vent de l'est, le chergui, soufflant ? 

A-t-il une torche, l'éclair en main ? 

Ou crache-t-il du feu tel un dragon ? 

Semant les flammes  en ouragan !

Ou encore des allumettes mystérieuses 

Brûlant les couleurs gaies et soyeuses ? 

Quelle connerie ! Quelle ineptie !

 

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Le sinistre étale un tapis noir affligeant,

Provoquant un amollissement accablant.

La ville, naguère radieuse, gémit

Sous le poids de pierres affreuses, 

Dressées par une infecte coterie poudreuse.

L'Endettée  incinérée accuse 

Et pointe cette  caste terreuse

Qui exhibe sa pyromanie rageuse.

Le vert nature exclu de leur menu,

Sombre à jamais dans un séisme frelaté.

La noirceur suffocante est la seule constatée. 

Des caisses monolithes et immondes

Poussent sur des espaces verts à la ronde. 

 

Ni ordre, ni harmonie , ni beauté.

 

Médiouna, après Rahrah, tour à tour

Emergeant ainsi une ceinture de four.

Oppose-toi aux desseins destructeurs 

D’ignobles charognards bousilleurs. 

L'escadron de la mort met à sac 

Toute beauté rayonnante et salutaire.

Il pilonne cette canopée rieuse

Et dressera des bâtisses dantesques,

Sous le regard d’une foule pantoise.

 

Le vert n’est plus qu’un souvenir.

L’accusé vent plaide non coupable

Et sort indemne de ce délit.

Les suspects, mis au banc des accusés, 

Sont soumis à un examen serré !

On les accable de preuves ficelées. 

Le verdict n'est pas définitif ; 

D'autres pistes plus effectifs

Dressés contre ce crime abject, 

Cette scandaleuse affaire infecte. 

On attendra sans espoir l'exécution !

Les rouages retarderont la parution.

 

La cité, victime de cette crémation,

N'aura d'autres instances pour consultation.

Condamnant ce crime incendiaire !

Les cracheurs de feu se multiplient.

L'argent nait du feu, c'est leurs replis.

La ville déchiquetée n'a plus le souffle

Pour arrêter ces démolisseurs impunis, 

Et revivra en prospérité et gaité réunies. 

Faites un tour à Médiouna brûlée

Pour lui dire adieu d'affilée.

 

 

 



01/07/2020
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