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Populisme et populace

 

Rien en fait n'est plus facile dans un pays comme le nôtre de devenir en un clin d'œil un leader hors pair ! Il suffit de descendre de son plein gré -ou de se faire parachuter de loin ou de près- dans une rue populeuse et bruyante, apparemment incontrôlée, de s’infiltrer dans la foule compacte d’une populace prise au piège par ses propres revendications.

Le meneur retourne le couteau mille fois dans la plaie saignante des maux dont la société souffre à craquer. Les gouvernements successifs l'ont de plus en plus approfondie sans pour autant arrivés à résoudre quoi que ce soit. Ils n’ont cessé de bercer la population par des discours de rengaine montés pour la circonstance, de tonitruer des promesses non tenues. Ce qui compte pour ces politiques, c’est de terminer leur mandat dans le bonheur et d’accumuler des bénéfices au détriment des biens publics.

 

Mais les manifs tournent dans le sens inverse.

L’apprenti porte-drapeau surgit du néant, ou parfois d'un parti politique reconnu ou clandestin, pour aboyer un laïus de facture révolutionnaire, creux en l’occurrence. Le tout est en définitive fourré dans le même sac. Ainsi le rapport meneur-populace, ou mieux encore populiste-populace, se définit-il progressivement tout au long des protestations effectives ou virtuelles.
La foule, envoûtée par les mots d'ordre sortis du chapeau du sorcier un à un, se panurgise cédant, sous l’effet d’un curieux magnétisme, l'arène toute entière au manipulateur, souvent manipulé.
On ne voit que lui, on n'entend que lui.
On ne parle que de lui. Les fake news pleuvent à flots. La presse jaune, les feuilles de chou, les médias sociaux, se ruent sur l'événement et amplifient l'image, somme toute très caricaturale, du don Quichotte que personne ne connaît en fait. Celui-ci est vite parachuté sur des plateaux de TV et de radios fourre-tout pour des interviews scandaleuses et compromettantes. Bien qu’il n’ait rien dans le chou, peu importe. L’essentiel c’est que les médias ont un objet qui leur permettra de ficeler des intox tout au long de cette campagne de contestation, souvent sans issue.

  

La personnalité de la «vedette» se dédouble sous le coup des événements qui se renouvellent indéfiniment et fatalement. Focus sur le pantin de cette tragi-comédie sans titre précis !  Les revendications, si légitimes qu'elles soient, sont bel et bien reléguées au second plan. Un poster énorme représentant le «leader» qui devient désormais l'idole de la populace s’accrochant au mirage. Une poignée de factieux s'infiltre et hisse des drapeaux séparatistes en guise de provocation, dévoilent leur visage hideux de renégats et de détestables transfuges. Et les cartes sont posées. Des vidéos, souvent montées de toutes pièces, publiées sur la toile, zooment sur l’événement et poussent le fantoche au-devant de la scène. Une armée de mouches électroniques ajoutent au drame une note d’une stupidité écœurante.

La cour du roi Pétaud s’installe.

La tour de Babel s’élève si haut dans cet espace d’incompréhension, de confusion.
Tout le monde parle. Personne n’écoute.

Chaque partie utilise son propre langage, ses propres termes de référence, sa propre hystérie. L’entente s’écroule. La communication n’a plus de point de repère.  La raison se noie dans un sentimentalisme quasi larmoyant. Tout espoir de remettre la situation à la normale devient quasi impossible.

Le marabout est irrémédiablement édifié. Son adoration s’instaure pour une populace égarée. La présence omnipotente du meneur se raffermit pour enfin s'effondrer. 

 

Le populisme prouve à la nième fois qu'il ne réussit que lorsque la populace entre dans les filets d'un instigateur qui ne voit que son image agrandie facticement. Un parti populiste n'est capable que de crayonner l'échec, parce qu'il s'appuie sur des projets funambulesques. Un leader essayant de retrouver sa voie et sa voix tout au long d'un chemin cahoteux se perd tous azimuts. 

Le drame politique continue.
Cette fois le capital louche prend la relève et mène la populace à une perte certaine et en même temps la stabilité du pays. 


La gestion politique, telle qu'elle est pratiquée de nos jours, est une sale affaire. Ceux qui s'y adonnent sont aussi sales que la saleté elle-même. 

 

 



30/07/2022
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