LEXICARABIA

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Le récit visuel. Quelle démarche de lecture adopter?

Abdelghafour Bakkali

 

 
Il est des esprits semblables à ces miroirs convexes ou concaves, qui représentent les objets tels qu'ils les reçoivent, mais qui ne les reçoivent jamais tels qu'ils sont.
Joseph Joubert,Pensées, essais, maximes et correspondances, posthume, 1838 

 

 

Comme le texte verbal ou graphique, l'image comprend, comme nous l'avons déjà signalé dans les précédents articles, un outillage argumentaire saillants, comme dans les portraits, les images publicitaires, etc. Vue sous un autre versant, elle a également la vertu d'informer et de raconter. On peut en effet composer un récit à partir de ses éléments constitutifs minima qui permettent d'adopter, comme dans les autres récits, le schéma qui s'articule sur une ouverture, un affrontement central et une clôture.

Pour qu'un support iconique puisse permettre une narration, il faut qu'il ne soit pas un portrait, ni non plus un paysage ; il est nécessaire néanmoins qu'il représente une action engagée par un ou plusieurs protagonistes. « […] le récit visuel comportera alors, comme les récits écrits, une série d'actions inamovibles.» (Kibédi Varga, Discours, récit, image, p. 99). On exclura, bien entendu, les images sérielles tels que les B.D, les romans-photos, ou mouvantes comme les films ; et on ne s'occupera, dans ce type de production écrite, que des images fixes contenant un ou des personnages en action.

 

                Dans le cadre des pratiques pédagogiques de lecture et de compréhension des supports iconiques, par exemple, on pourrait proposer aux élèves lors des séances d'activités orales ou écrites, soit une seule image fixe susceptible d'être verbalisée en récit (image1),

 

 

 

ou une suite d'images, contenant éventuellement un paysage et/ou un portrait qui servent de cadre à l'histoire suggérée par ces supports iconiques (images 2).

 

 

 

 

 

 

 

 Les activités de lecture ou de l'écriture consistent, de prime abord, à manipuler puis à classer des images présentées dans un ordre événementiel capable de permettre aux apprenants-lecteurs ou écrivains de raconter une histoire cohérente et qui met particulièrement le doigt sur un phénomène social qu'ils reconnaissent. Vient ensuite la phase d'observation et de lecture de ces supports iconiques. La lecture obéit à la démarche préconisée pour ce genre d'activité pédagogique : observer, manipuler, verbaliser, raconter. Les élèves sont appelés en fin de compte à raconter les événements que contiennent ces images. Ils dénotent tout en décrivant les actions suggérées par le support ; puis ils interprètent, avec  l'intervention discrète de l'enseignant-animateur, le message véhiculé par ces suites d'images. Cette interprétation leur permettra de passer à la phase essentielle de l'activité : raconter l'histoire qu'englobe le support choisi. Car le corpus d'images retenu est généralement fonction d'un outil didactique dont on éprouve le besoin et qui, plus est, s'inscrit dans une progression séquentielle. Autrement dit, les codes iconique et graphique doivent s'acquérir simultanément afin que les apprenants puissent donner une représentation inscrite dans la réalité contemporaine, sachant que le langage visuel est l'inverse du langage écrit ou parlé.

 

Cet exercice, inscrit en aval dans les pratiques pédagogiques, aide l'élève à mieux utiliser ses divers acquis en langue, en l'occurrence en langue étrangère. Il développe, s'il est mené selon le schéma méthodologique communicationnel qui focalise sur l'apprenant et non sur un contenu abstrait, ses capacités orales et écrites, parce qu'à travers le support iconique, il reconnait la réalité dans laquelle il vit. Ce qui libère son imaginaire et lui apporte une motivation, généralement moins marquée dans les activités scolaires traditionnelles. Son observation est mise à l'épreuve dans ce type d'exercice, comme d'ailleurs sa capacité d'abstraction. Le terre-à-terre cède le pas à la formulation d'idées plus précises, ce qui pourrait traduire un vécu que l'on pourrait aisément identifier. L'élève s'accroche à l'image et extériorise même ses idées les plus latentes. Le blocage qui surgit souvent lorsqu'on le confronte à des textes écrits s'atténue face à des images.



29/02/2012
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